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Jean II Cotelle

Paris, 1642 – Villiers-sur-Marne, 1708

 

Psyché dans le palais de l’Amour sortant du bain, projet d’éventail, vers 1680

 

Plume et encre brune, lavis d’encre de Chine

260 x 490 mm

Annoté en bas au centre : Psiché chez Lamour sortant du bain

Filigrane : Contremarque et armoirie au serpent

 

Provenance

Paris, galerie Paul Prouté, 1986 (catatalogue Tintoretto, n°22)

 

Bibliographie

B. Sarrazin, Jean Cotelle (1646-1708), Des Jardins et des dieux, Versailles, 2018, p. 206, fig. 1

 

 

Tout d’abord élève de son père, Jean I, peintre ornemental, Jean II reçoit ensuite sa formation auprès d’Elisabeth-Sophie Chéron et de Claude Lefebvre. Après un séjour en Italie entre 1662 et 1670, Cotelle est reçu le 4 avril 1671 – le même jour que François de Troy, son beau-frère – à l’Académie royale de peinture et de sculpture comme miniaturiste avec une Entrée du Roy et de la Reine à Paris sous des figures allégoriques. S’il entame sa carrière comme peintre de miniatures et de portraits – il expose ainsi deux miniatures au Salon de 1673 –, Cotelle se tourne peu à peu vers la peinture d’histoire. En 1681, il reçoit la commande du may de Notre-Dame représentant les Noces de Cana (Yssigeaux, église Saint-Pierre) ; au Salon de 1704, il expose dix tableaux, mêlant paysages, scènes d’histoire et peintures religieuses. Jean II Cotelle est cependant avant tout connu aujourd’hui pour les vingt et une vues du parc de Versailles qu’il exécute, entre 1688 et 1691, pour la galerie du Grand-Trianon (in situ).

 

Sous l’impulsion de Catherine de Médicis, la mode de l’éventail se répand en France et connaît dans les années 1660 une ampleur qui conduisit Louis XIV à accorder en 1678 statuts et règlements à la communauté des maîtres éventaillistes. Les scènes représentées varient suivant le goût du moment : sujets tirés de l’Antiquité et de la mythologie alternent avec des scènes de la vie quotidienne ou de la vie de Louis XIV et de la cour à Versailles. Cotelle, qui semble avoir eu une importante activité liée aux arts décoratifs (dessins destinés à être gravés, projets de tabatières ou de boîtes), a également réalisé plusieurs éventails comme celui représentant des Nymphes dans le jardin d’un palais (collection particulière)[1]. Notre dessin est un projet pour un autre éventail, représentant ici Psyché dans le palais de l’Amour sortant du bain.

 

Il est intéressant de pouvoir rapprocher notre dessin d’une des rares peintures de chevalet de l’artiste, Le Triomphe de l’Amour ou Cupidon et Psyché dans le palais de Vénus, réalisé vers 1680 (collection particulière). On retrouve, inversées, les mêmes figures de Psyché assise au centre, entourée de l’Amour aux grandes ailes et d’une servante présentant un vase précieux. Tout autour, d’autres caméristes jouent de la musique, arrangent des bouquets ou, dans le cas de notre dessin, couvrent le bain que vient de prendre Psyché. La disposition des personnages, en demi-cercle au premier plan, parait dériver de peintures de l’Albane – un artiste que Cotelle a beaucoup regardé – et, plus précisément, de la Toilette de Vénus, une œuvre acquise par Louis XIV en 1684 (Paris, musée du Louvre). Elle pourrait également dériver de la mise en scène théâtrale : nous savons que le 19 avril 1678, Psyché, sixième tragédie lyrique de Jean-Baptiste Lully, sur un livret de Thomas Corneille, est représentée à Paris. Rare exemple de la production dessinée de Cotelle, notre feuille aux lignes dansantes, aux visages à peine esquissé, au modelé des corps rendu de manière très épurée, est typique de l’art vif propre à Cotelle.

 


[1] B. Sarrazin, op. cit., p. 204, n°101.



 
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