Jean-Louis Prévost
Nointel, 1745 – Paris, 1827
Nature morte à la coupe de marbre
Huile sur toile
38,5 x 46,5 cm
Né à Nointel en 1745, Jean-Louis Prévost est probablement l’élève de son frère aîné, Jean-Jacques avant d’entrer dans l’atelier de Jean-Jacques Bachelier, peintre de natures mortes et d’animaux. Autour de 1770, Jean-Jacques et Jean-Louis entrent à l’Académie de Saint-Luc, la rivale de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Comme cette dernière, l’Académie de Saint-Luc organise des expositions où les frères Prévost se font remarquer dès 1774. Dans l’Almanach historique et raisonné des architectes, peintres et sculpteurs pour l’année 1776, Le Brun écrit ainsi : « Les fleurs, les oiseaux et les fruits de Messieurs Prévost ont attiré tous les yeux et étaient précieusement peints. Encore un peu d’application et ils seront les Van Huysum de la France ». La réputation de Jean-Louis est alors déjà bien établie et ses œuvres sont acquises par les grands amateurs du moment comme le prince de Conti, le marquis de Livois ou encore Blondel de Gagny. A partir de 1791, l’Académie royale étant supprimée et le Salon ouvert à tous, Prévost peut exposer au Louvre où il présente des œuvres jusqu’en 1810, tout en participant aux différents salons indépendants de la fin du XVIIIe siècle (Exposition de la Jeunesse en 1791, Salon du Colisée en 1797). En 1805, il publie une importante série de 48 gravures imprimées en couleurs par Chaponnier et Ruotte d’après ses œuvres : Collections de fleurs et de fruits peints d’après nature. [1].
L’engouement d’un public choisi pour les natures mortes inspirées de l’art hollandais du XVIIe siècle –et notamment de l’art de Jan Van Huysum– va croissant dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Pour faire face à la demande, plusieurs artistes flamands s’installent à Paris, comme les frères Gérard et Cornelis Van Spaendonck, Jan Frans Van Dael ou Christian Van Pol. A la même époque, Anne Vallayer-Coster est la première à faire du genre de la nature morte de fleurs une spécialité. Prévost, dont la technique est très proche de celle des frères Spaendonck, se spécialise également dans les natures mortes de fleurs et de fruits. La particularité de ses œuvres est l’ajout récurrent soit de nid d’oiseaux, soit de précieux vases en pierre dure posés sur des entablements de marbre. Avec sa coupe de marbre au piètement de bronze doré, notre Nature morte est ainsi typique de l’art de Jean-Louis Prévost. Très proche de Vases et fruits, une œuvre datée 1790 (collection particulière), elle a probablement été peinte à la même époque, entre la fin du XVIIIe siècle et le début du siècle suivant. Au Salon de 1801, Prévost expose Une grappe de raisin et des pêches qui pourrait être notre tableau. On retrouve ici, dans la lumière se reflétant sur les grains de raisin ou dans la douceur du rendu de la peau des pêches, tout l’art de Prévost où la minutie des détails se conjugue avec l’exactitude botanique dans la réalisation d’une œuvre d’insigne qualité.
Nous remercions M. Fabrice Faré qui nous a aimablement confirmé l’attribution de cette peinture et nous a fourni des éléments pour la rédaction de cette notice.
[1] M. et F. Faré, La Vie silencieuse en France, la nature morte au XVIIIe siècle, Paris, 1976, p. 285-290 ; G. Lamy, « Les Prévost, peintres de fleurs : des jardins de La Celle-Saint-Cloud à l’expédition La Pérouse en passant par Trianon », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, mis en ligne le 16 février 2017 (http://crcv.revues.org/14000 ; DOI : 10.4000/crcv.14000).