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Edouard Dantan

Saint-Cloud, 1848 – Villerville-sur-Mer, 1897

 

Le Sculpteur Frédéric Hexamer modelant un vase en grès dans l’atelier Haviland, novembre 1883

 

Huile sur panneau

15 x 13,5 cm

Signé et daté en bas à gauche : E. Dantan / 1883

Au verso, une étiquette ancienne : … peintre Dantan / représentant le sculpteur Hexamer / occupé à modeler un vase en grès

 

Provenance

Donné par l’artiste à Ernest Chaplet, sculpteur et céramiste

Par descendance, collection particulière

 

Bibliographie

Livre de raison de l’artiste, novembre 1883

S. de Juvigny, Edouard Dantan, des ateliers parisiens aux marines normandes, Paris, 2002, p. 124

 

 

Édouard Dantan naît dans une famille d’artistes : son père, Antoine-Laurent, dit Dantan l’aîné, et son oncle Jean-Pierre, dit Dantan le Jeune, sont sculpteurs. Élève d’Isidore Pils puis d’Henri Lehmann à l’École des beaux-arts, Édouard oscille entre réussite aux concours internes de l’École et déconvenues au concours du prix de Rome, auquel il doit renoncer après sept échecs successifs. Il n’en mène pas moins une carrière couronnée de succès, participant au Salon de 1869 à 1897. Son Moine sculptant un christ en bois obtient une médaille de troisième classe en 1874 (Nantes, musée des Beaux-Arts), tandis que son Coin d’atelier est acquis par le musée du Luxembourg en 1880. En 1888, le ministère de l’Instruction publique lui commande une immense composition commémorant l’inauguration de la faculté de médecine de Bordeaux. Passant ses étés à Villerville-sur-Mer où il possède une maison, Dantan y meurt accidentellement en 1897.

 

Tantôt suiveur d’une tradition académique héritée de son passage à l’École des beaux-arts, tantôt peintre naturaliste, Dantan cesse dès 1879 de produire des compositions historiques et religieuses pour s’orienter vers une peinture plus intimiste, aux sujets simples, dont il trouve les motifs dans sa maison de Saint-Cloud et son entourage familial. L’aspect le plus original de son art réside dans ses nombreuses vues d’atelier, qui ont récemment fait l’objet d’une exposition au musée des Avelines de Saint-Cloud[1] : l’extraordinaire atelier paternel de Saint-Cloud où il évoluait tout gamin (Un Coin d’atelier de sculpteur, 1880, Paris, musée d’Orsay), son propre atelier (Mouleurs dépouillant Rio, 1896, collection particulière) mais aussi l’atelier du porcelainier Haviland. Fils d’un négociant en porcelaine installé à Limoges à partir de 1842, Charles Edward Haviland développe l’entreprise familial, notamment en ouvrant de nouveaux marchés aux Etats-Unis après 1865.  Si les ateliers sont à Limoges, le centre de recherche de l’entreprise, qui se trouve à Paris depuis 1873, déménage en 1882 au 153, rue Blomet, à Vaugirard. Sous la direction du sculpteur et céramiste Ernest Chaplet, c’est dans cet atelier que viennent s’exercer à l’art de la céramique des artistes comme Jules Dalou, Auguste Rodin et, plus tard, Paul Gauguin.

 

Dantan semble avoir été fasciné par l’atelier de la rue Blomet et il le décrit dans deux tableaux qui obtiennent un grand succès critique, Un atelier de moulage (maison Haviland à Auteuil), huile sur toile, 1884 (Limoges, musée des Beaux-Arts) et Un atelier de tourneur, huile sur toile, 130 x 97,5 cm (Munich, Alte Pinakothek). Au même moment, Dantan réalise une série de petits portraits sur bois des principaux artistes présents dans l’atelier, œuvres destinées au maître des lieux, Ernest Chaplet. Ainsi du Portrait du céramiste Albert Dammouse, huile sur bois (boite à cigares), 17 x 14 cm (Sèvres, Archives municipales), de celui du sculpteur Frédéric Hexamer, ici présenté et d’un Portrait de M. Midoux décorant un vase chez Haviland, non localisé. Frédéric Hexamer, formé auprès d’Augustin Dumont, était réputé pour ses portraits : sa grande statue de Spinoza à La Haye reste son œuvre la plus connue avec son portrait en médaillon de Huysmans[2].  Hexamer a travaillé dans les ateliers Haviland entre 1882 et 1886 où il est plus particulièrement chargé de réaliser les décors en reliefs de sujets naturalistes : c’est justement ainsi que Dantan le représente. Comme souvent chez l’artiste pour ses scènes d’ateliers, l’atmosphère particulière qui règne dans cet espace clos, protégé du monde, est illuminée d’une lumière uniforme et les coloris sont restreints à des camaïeux de bleus, de rouge et de gris. Malgré la petite taille de notre tableau, on reste frappé par la concentration du sculpteur face à son vase et à la technicité du geste parfaitement rendu par le peintre.

 


[1] E. Le Bail, Edouard Dantan, peintre des ateliers, des figures et des rivages, Saint-Cloud, musée des Avelines, 2013-2014.

[2] G. Vuitton, « Notes sur le sculpteur Hexamer », Bulletin de la Société J.-K. Huysmans, n°21, 1949, p. 51-57.



 
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