Luca Giordano
Naples, 1632 – 1705
Etude d’un roi sur son trône
Sanguine et rehauts de craie blanche sur papier préparé à la sanguine
450 x 320 mm
Annoté en haut à gauche : 16
Fils d’un peintre local, Luca Giordano entre très jeune dans le cercle de Jusepe de Ribera et ses premières expériences artistiques doivent être mesurées à l’aune de l’orientation naturaliste de l’art napolitain. Au début des années 1650, il complète sa formation par un long voyage à Rome et en Italie centrale, assimilant l’art des maîtres de la Renaissance et celui de Rubens. De retour à Naples, il développe très vite un langage d’une exceptionnelle capacité d’invention, mêlant à sa formation naturaliste de nouvelles orientations baroques. De ces années datent les grands cycles à fresque réalisés à Naples, dont la coupole de l’église de S. Brigida et la décoration du monastère de San Gregorio Armeno. En 1682, il est de retour à Florence où il travaille pour les Médicis et les Corsini (décors du palais Médici Riccardi, coupole de la chapelle Corsini au Carmine). Peintre exceptionnellement fécond, exécutant les nombreuses commandes qui lui sont faites avec une rapidité qui lui vaut le surnom de fa presto, Giordano est appelé au début des années 1690 par le roi Charles II en Espagne. Durant dix ans, il peint des décorations grandioses et lumineuses, dans les palais royaux comme dans les édifices religieux (Casa du Buen Retiro, Escorial, sacrisitie de la cathédrale de Tolède). De retour à Naples après la mort de Charles II, il y laisse encore de précieux témoignages de son intense activité artistique (chapelle du Trésor de la chartreuse de San Martino, décors de l’église des Gerolamini). Ces œuvres marquent le passage du baroque au rococo et constitueront durant tout le XVIIIe siècle une référence pour de nombreux peintres.
Si les peintures de Giordano sont bien connues et appréciées, ses dessins le sont moins. Pourtant, les études graphiques jouent un rôle de premier plan chez Giordano, durant toute sa vie et il les réalise en utilisant de nombreuses techniques. On connait ainsi un groupe homogène de dessins à la sanguine, rehaussés de craie blanche sur papier préparé avec de la poudre de sanguine frottée sur la feuille. Ces œuvres, de grand format, sont réputées avoir été réalisées par l’artiste d’après des peintures de la Renaissance et de la période baroque lors de son séjour formateur à Rome au début des années 1650. Certains chercheurs pensent cependant aujourd’hui que Giordano a utilisé ce format et ces techniques également dans ses dessins d’invention jusque dans les années 1670. Notre feuille, où l’on retrouve l’euphorie du trait, la rapidité d’invention et la poésie des meilleurs dessins de Giordano, a peut-être été réalisée d’après une peinture dont l’identification n’a pas encore été faite. On peut cependant aussi la rapprocher d’une toile de l’artiste, peinte vers 1665, et représentant Le Jugement de Salomon (Madrid, musée Thyssen). On retrouve dans les deux œuvres le même roi couronné, assis sur un trône dans l’accoudoir est une chimère, regardant vers la gauche et entouré de ses conseillers.