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Alexandre Hyacinthe Dunouy

 

Paris, 1757 – Jouy-en-Josas, 1841

 

Vue de l’abbaye de Casamari, 1796

 

Huile sur panneau

33,5 x 49 cm

Signé en bas à droite : ADunouy

 

Exposition

Paris, Salon de 1796, n°154

 

 

Alexandre-Hyacinthe Dunouy appartient à la première génération de peintres formés dans la tradition du paysage historique par les enseignements de Pierre-Henri de Valenciennes, comme Michallon, Bertin ou Bidault. Après un apprentissage chez le peintre d’histoire Gabriel Briard, il effectue son premier voyage en Italie entre 1786 et 1791. Les endroits où il a séjourné, aussi bien en Italie qu’en France, lui inspirent autant de sujets de tableaux qu’il présente au Salon, obtenant rapidement de grands succès. Sous l’Empire, Dunouy reçoit d’importantes commandes publiques comme La Prise d’Ancône par le général Victor, destinée à la tribune de la salle des Maréchaux aux Tuileries (1805, disparu) ou L’Entrevue de Napoléon et du pape Pie VII dans la forêt de Fontainebleau, le 25 novembre 1804 pour la galerie de Diane, toujours aux Tuileries (Fontainebleau, musée national du château). Dunouy se rend à nouveau en Italie en 1810, appelé à Naples par Joachim Murat dont il devient le peintre attitré. Rentré en France sous la Restauration, il participe au décor des palais des Trianon et de Fontainebleau, tout en fournissant à une clientèle d’amateurs privés diverses vues des environs de Paris qu’il expose régulièrement au Salon jusqu’en 1833.

 

Contrairement à nombre de ses confrères, tels Bertin ou Bidauld, Dunouy a toujours marqué une nette préférence pour ce que Valenciennes qualifie de « paysage-portrait », la représentation d’un site précis : c’est précisément le cas de notre Vue de l’abbaye de Casamari. Ce monastère, autrefois connu sous le nom d’abbaye de Casa-Maria, abritait des moines trappistes, et était renommé pour être le refuge habituel des malfaiteurs et brigands des contrées romaines et napolitaines ; il fut fermé par les troupes napoléoniennes en 1811. Contrairement à ce que l’on peut parfois lire, le lieu ne tire pas son nom de la Vierge Marie, mais du fait qu’il se trouve à l’endroit où le consul romain Marius naquit. Il se situe près de Véroli (aujourd’hui province de Frosinone), dans la plaine, et non loin d’Isola di Sora. Toute cette région a été particulièrement parcourue par Dunouy lors de son premier voyage en Italie, entre 1786 et 1791. De ce voyage, l’artiste revient avec des carnets de dessins et d’esquisse qu’il utilise pour réaliser en France des œuvres achevées : un dessin représentant l’abbaye de Casamari est ainsi exposé au Salon de 1795 (collection particulière), avant que Dunouy ne propose, l’année suivante, sa version peinte. Il faut noter que dans cette dernière, l’artiste ne reprend pas le pont sur la rivière Cosa, un affluent du Sacco. Ici, Dunouy préfère magnifier les cascatelles de la rivière, animant son premier plan d’un bouvier en train de pêcher et de deux lavandières. A l’occasion de sa présentation au salon de 1796, notre tableau, qui a conservé son cadre d’origine, était accompagné d’un pendant, une Vue d’un torrent entre Rome et Naples, aujourd’hui non localisé.

 

Nous remercions Madame Anne-Elisabeth Heurtaux, spécialiste de l’artiste, qui nous a aimablement confirmé l’attribution de cette peinture et nous a généreusement fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice. Ce tableau figurera au catalogue raisonné des œuvres d’Alexandre Hyacinthe en cours de préparation. Nous remercions également Monsieur Paolo Accettola qui nous aidé pour la localisation du lieu représenté sur ce tableau[1].

 


[1] Voir P. Accettola, Artisti e viaggiatori del XVIII-XIX secolo a Casamari e presso San Domenico di Sora. Dal paesaggio del Grand Tour all'industrializzazione di inizio Ottocento nel distretto di Sora, Sora, 2019.



 
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