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Mariano Salvador Maella

Valence, 1739 – Madrid, 1819

 

L’Imposition de la chasuble à saint Ildefonse, 1805

 

Huile sur toile

58 x 32,5 cm

 

Œuvre en rapport

Esquisse pour un tableau conservé dans la cathédrale de Tolède

 

 

Fils d’un peintre valencien du même nom, Salvador Maella se forme à Madrid auprès du sculpteur Felipe de Castro puis entre, en 1752, à l’Académie de San Fernando nouvellement créée, où il a pour maître Antonio González Velázquez qui lui transmet l'art qu’il a lui-même reçu de Corrado Giaquinto. C’est à Rome, où il séjourne de 1758 à 1765, que Maella entre en contact avec les grandes œuvres du baroque italien. Mais, à son retour en Espagne, le goût a évolué avec l’arrivée de Mengs à Madrid en 1761. Maella infléchit alors sa manière vers un néo-classicisme mesuré et entre dans le cercle des protégés de Mengs, qui lui obtient de grandes commandes royales. Débute une carrière officielle de fresquiste, au Palais royal, au Pardo ou encore à l’Escorial, qui lui vaut d'être nommé pintor de cámara en 1774. Tout aussi abondante est son œuvre religieuse, à Tolède, pour les fresques du cloître de la cathédrale, à Valence, où il décore plusieurs chapelles, ou à Madrid, où il laisse de nombreuses Immaculée Conception, son thème de prédilection. Si, dans les grands décors, Maella tempère un dessin impeccable par une palette chaude venue du baroque romain, ses portraits de la famille royale, dans la raideur de l’apparat, sont tout entiers néoclassiques. En poste à la Manufacture de tapisseries, il enseigne également à l’Académie de San Fernando, où il est entré en 1765 et dont il deviendra, à la mort de Bayeu en 1795, le directeur général. L’année 1799 marque le sommet de sa carrière, comme il reçoit la charge de Premier Peintre du roi qu’il partage avec Goya. Carrière officielle qui semblait toute tracée mais qui va bientôt connaître une erreur de parcours, celle de sa collaboration avec l’occupant sous Joseph-Napoléon Ier. Jugé trop afrancescado au retour de Ferdinand VII, il est relevé de toutes ses fonctions : c'est Vicente López qui le remplace, marquant ainsi le début d'une ère nouvelle.

 

C'est dans ses esquisses que l’art de Maella s'exprime avec le plus de liberté. Nous présentons ainsi l’œuvre préparatoire au retable principal de la chapelle de Los Reyes Nuevos de la cathédrale de Tolède[1], dont Charles III, en 1772, décide de modifier le décor datant du XVIe siècle : il commande alors à Maella cinq grands retables. En 1805, Charles IV, à son tour, charge le peintre de réaliser le retable principal de la même chapelle, qui doit s'insérer dans un autel en marbre dessiné par l'architecte Mateo Medina et orné des sculptures d’Alfonso Giraldo Bergaz (fig. 1)[2].

 

Le thème de l’Imposition de la chasuble à saint Ildefonse a inspiré le Siècle d'or, de Velázquez à Murillo, comme le XVIIIe siècle espagnol, où cette apparition mariale est aimée des peintres de grands décors parce qu’elle permet des raccourcis illusionnistes et des envols de draperies : pour avoir développé le culte marial, saint Idelfonse, évêque de Tolède de 657 à 667, aurait été remercié par la Vierge du don d’une chasuble. Peu de différences du travail préparatoire au tableau final, où le néoclassicisme d’un Mengs s'affirme plus encore : tout est déjà en place d'une composition monumentale et rigoureusement centrée autour de la figure de la Vierge. Seuls changent la place des attributs épiscopaux et le tombé de la chasuble. Du baroque tardif, Maella conserve cependant un coloris tendre en accord avec les couleurs mariales et un ciel animé d’angelots et de nuages, dont l’esquisse à la pâte fluide et à la touche rapide qui rappellent le fa presto des Italiens, rend tout le mouvement.

 


[1] Cette chapelle doit son nom aux monarques qui y sont enterrés, Enrique II, son fils Juan Ier et son petit-fils Enrique III, trois rois de Castille qui vécurent dans la deuxième moitié du XIVe siècle. Avec la chapelle de Los Reyes Viejos - Alfonso VII, Sancho el Deseado et Sancho el Bravo - elle constitue le panthéon des rois de Castille dans la cathédrale de Tolède, capitale du royaume de Castille puis de l’Espagne jusqu’en 1563.

[2] J. L. Morales y Marin, Mariano Salvador Maella, Vida y obra, Saragosse, 1996, n°181, p.175.



 
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