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Andrea Marchisio

Turin, 1850 - 1927

 

Le Lion Sultan, 1903

 

Huile sur panneau

15,5 x 10,4 cm

Signé, daté, titré en haut à droite : A. Marchisio / 903 / Sultan

Annoté à droite : A l’amico Papozzi (?) / Omaggio

Sur l’étiquette du cadre : Sultan – Nouma Hava – Dal vero / G. Marchisio

 

 

Né à Turin en 1850, Marchisio étudie dès 1864, à l’Accademia Albertina di Belle Arti. En 1869, il commence à exposer au Promotrice delle belli arti, un salon local pour les artistes italiens. Il y participera chaque année jusqu'à la fin du XIXe siècle, en y présentant principalement des peintures d’histoire, des scènes de genre et des portraits. Parallèlement à sa production de peinture de chevalet, il s’essaye à la céramique et se consacre également, à partir de la dernière décennie du XIXe siècle, à la réalisation de fresques et de peintures sur verre. Entre 1890 et 1893, Marchisio exécute de nombreux vitraux pour les églises des environs de Turin, et peint ensuite une série de grandes toiles pour le théâtre de Sassari. Enfin, entre 1904 et 1905, il participe à la décoration de la voûte du foyer du Teatro Regio de Turin, œuvre disparue en 1936. Marchisio allie sa production artistique à une carrière académique : nommé comme professeur de peinture à l’Accademia Albertina en 1886, il y prodigue son enseignement jusqu’en 1923. Extrêmement influent sur la scène artistique locale turinoise, il est particulièrement apprécié par la famille royale italienne, qui lui commande des portraits du roi Victor-Emmanuel III, de son épouse, Hélène de Monténégro, et du prince Humbert à l’âge de quinze ans en 1919 (collection particulière).

 

C’est par hasard que les animaux sauvages sont intégrés aux spectacles de cirque. En 1848, le poissonnier hambourgeois Gottfried Claes Carl Hagenbeck reçoit avec sa livraison de poissons des phoques capturés par accident. Il les donne aÌ€ voir contre le paiement d’un petit droit d’entrée : les ménageries ambulantes sont nées. Comprenant des animaux rares, dangereux ou les deux à la fois, les ménageries connaissent un développement fulgurant dans la seconde moitié du XIXe siècle, notamment aux Etats-Unis. Les numéros de dressage de félins sauvages – lions, tigres, panthères – sont parmi les spectacles de cirque qui séduisent le plus le public. Ici, un lion toise, à travers les barreaux de sa cage, le spectateur. Il s’agit de Sultan, lion faisant partie de la ménagerie de Nouma-Hawa, une des premières femmes dompteuses de fauves. Marchisio a probablement réalisé cette peinture, ainsi que son pendant Le Tigre (huile sur panneau, collection particulière) lors du passage du cirque itinérant de Nouma-Hawa à l’été 1903 dans la ville piémontaise de Biella, à l’occasion de la foire annuelle de San Bartolomeo. Sultan, reconnu pour sa férocité – il aurait fait trois victimes lors d’une représentation en 1886, dont la dompteuse  Nouma-Hawa elle-même – apparaît ici comme un félin bien sage.

 

La vie de la propriétaire de Sultan est digne d’un roman. Née en 1845 d’un père tailleur de pierre et d’une papetière, Marie-Louise Grenier de son vrai nom exerce le métier de lingère avant de rencontrer son premier époux, Claude Pernet, directeur de foire, qui l’initie au monde du spectacle. Tout d’abord charmeuse de serpents, elle devient vite dompteuse de fauves. Prenant le nom aux sonorités exotiques de Nouma-Hawa, « Rosée du soir » en romani, elle crée une aura de mystère autour de ses origines, prétendant être née à Constantine et avoir maté des félins menaçants dès sa prime jeunesse. Son spectacle en 1882 au Cirque d’Hiver de Paris connaît un succès sans précédent, et fait d’elle la plus célèbre et admirée des dompteuses. A la mort de son époux, décédé à Rome en mars 1883 suite à une morsure de lion, elle reprend l’activité de ce dernier, et devient la première femme propriétaire de sa propre ménagerie. Forte de son succès, elle effectue des tournées dans toute l’Europe, en particulier en Suisse et en Italie. Prenant sa retraite en 1915, elle s’établie à Genève où elle décède en 1926.



 
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