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Cristoforo Unterberger

Cavalese, 1732 – Rome, 1798

 

Pan poursuivant Syrinx défendue par son père Ladon, 1785-1790

 

Huile sur toile

107,4 x 136 cm

 

 

Issu d’une famille de peintres, Christoph Unterberger fait son apprentissage auprès de son oncle Franz Sebald Unterberger avant de rejoindre Michelangelo Unterberger, un autre de ses oncles, à Vienne, vers 1750. Séjournant ensuite à Vérone, où il est l’élève de Giambettino Cignaroli, il est présent à Rome en 1759, qu’il ne devait plus quitter. Envoyant d’abord des tableaux d’une veine néobaroque dans sa ville natale, il est admis à l’Académie de Saint-Luc en 1772. En épousant en 1775 Ottavia della Valle, fille du sculpteur Filippo della Valle, il devient également le beau-frère de l’orfèvre Luigi Valadier. Proche d’Anton Raphael Mengs, il travaille dès lors de manière régulière pour les palais apostoliques, devenant l’un des artistes favoris de la cour pontificale de Clément XIV et peint des décors à fresque au Vatican – au Museo Clementino et à la bibliothèque Vaticane –, au Quirinal ou à Castel-Gandolfo. Sous le règne de Pie VI, Unterberger est écarté au profit de Bernardino Nocchi mais réalise encore en 1789 les dessins de deux splendides tables de bronze pour la bibliothèque vaticane. De 1778 à 1788, il copie à grandeur réelle, avec d’autres artistes, les loges de Raphaël pour Catherine II (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage). Parallèlement, il produit de nombreux tableaux d’autel, en particulier pour les Marches (cathédrales de Jesi, Macerata, Urbino, etc.). Appartenant à la première génération du néo-classicisme romain, Unterberger eut de nombreux élèves dont Felice Giani.

 

Plus connu pour ses œuvres religieuses, Cristoforo Unterberger a également peint de nombreuses toiles consacrées à des thèmes issus de l’histoire gréco-romaine, comme notre Pan poursuivant Syrinx. Le sujet est tiré des Métamorphoses d’Ovide (livre I). En Arcadie, la nymphe Syrinx a dédié sa virginité à Artémis. Mais Pan, dieu des bergers, la poursuit de ses assiduités. Cherchant à lui échapper, elle trouve refuge auprès de son père, le dieu-fleuve Ladon. Alors que Pan est sur le point de rejoindre Syrinx, Ladon la transforme en roseau. Finalement charmé par le son produit par le vent soufflant dans les roseaux, Pan va créer un nouvel instrument de musique, une syrinx ou flûte de Pan, en joignant des roseaux de longueur inégale. Stylistiquement, notre tableau est très proche de l’ensemble décoratif dédié à Hercule que Unterberger réalise pour le prince Borghese entre 1784 et 1786 (au plafond de la salle X de la Villa Borghese). On retrouve dans toutes ces œuvres comme dans notre Pan poursuivant Syrinx le même sens de la musculature, le même goût pour la nature ainsi que de nombreux détails semblables dans la végétation. 

 

Dans cette œuvre, Unterberger montre qu’il est capable de suivre les nouvelles modes qui dominent alors l’art romain, sans pour autant sacrifier sa propre individualité. Cela s’exprime dans son besoin d’insuffler de la vie à ses personnages, un souvenir des idéaux baroques de sa jeunesse tout en appliquant les principes de « noble simplicité et de calme grandeur » demandés par le théoricien du néo-classicisme Johann Joachim Winckelmann. Notre Pan poursuivant Syrinx, d’un raffinement classique extraordinaire, démontre que l’artiste a accepté dans sa maturité les principes du néoclassicisme romain.

 

Nous remercions le Pr. Francesco Petrucci, la Pr.ssa Liliana Barroero, M. Alesssandro Agresti, M. Francesco Gatta qui ont aimablement confirmé l’attribution de cette peinture et nous ont généreusement fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.



 
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