Wallerant Vaillant

Lille, 1623 – Amsterdam, 1677

Portrait de Gaspar de Bracamonte y Guzman, comte de Peñaranda, ambassadeur extraordinaire d’Espagne auprès du Saint-Empire romain germanique, 1658

Pierre noire, estompe et rehauts de craie blanche

550 x 440 mm

Né à Lille, le peintre et graveur néerlandais Wallerant Vaillant se forme à Anvers où il reçoit l’enseignement d’Erasmus Quellinus, élève de Rubens et son successeur comme peintre de la ville. Installé à Amsterdam à partir de 1643, il y développe une activité de portraitiste et de graveur. Une série de voyages le conduisent ensuite en Allemagne entre 1655 et 1658, d’abord à Middelburg puis à Francfort. Là, il rencontre le maréchal de Grammont, ambassadeur de France auprès du Saint-Empire, qui le fait venir en France en 1669 et l’introduit à la cour de Louis XIV. Lors de la préparation des festivités du mariage du roi et de Marie-Thérèse, Vaillant reçoit une importante commande de la reine mère Anne d'Autriche : cinq portraits au pastel de Louis XIV, Marie-Thérèse d'Autriche, Anne d’Autriche, Marianne d’Autriche et Eléonore de Gonzague, qui ont récemment enrichi les collections du château de Versailles. En 1665, l’artiste est de retour à Amsterdam, où il s’attache à développer la technique de la gravure en manière noire, une nouveauté technique à l’époque.

En 1858, Vaillant est à Francfort pour l’élection du nouvel empereur du Saint-Empire romain germanique, à la suite du décès de Ferdinand III. Vaillant est alors amené à réaliser le portrait dessiné du nouvel empereur, Léopold Ier, œuvre très appréciée. La plupart des hauts personnages qui assistent à la cérémonie du couronnement voulurent alors se faire représenter par lui. C’est ainsi que Vaillant réalise une série de dessins à la pierre noire et rehauts de craie blanche sur des feuilles de grand format (environ 55 x 44 cm) représentant princes-électeurs, grands dignitaires de l’Église et ambassadeurs de toute l’Europe. Cet ensemble a été ensuite dispersé mais un groupe de 16 feuilles est conservé au Kupferstichkabinett de Dresde, comprenant notamment les portraits du nouvel empereur Léopold Ier, de Jean-Maurice de Nassau-Siegen, stathouder de CleÌ€ves, du duc de Saxe, Johann-Georg II, de Maximilien-Henri de BavieÌ€re, archevêque et électeur de Cologne, de Ferdinand-Maria, électeur de Bavière, des princes palatins, Charles-Louis et Rupert, de Johann-Philipp von Schönborn, électeur de Mayence, de Charles-Gaspar de La Pierre, archevêque de Trèves, de Frédéric-Guillaume, électeur de Brandebourg, etc. (Dresde, Kupferstichkabinett der Staatliche Kunstsammlungen, inv. C 1980-507 à 518, 1980-506 et 1977-142).

Notre portrait représente l’ambassadeur espagnole, Gaspar de Bracamonte y Guzman, comte de Peñaranda (1595-1676). Issu de l’une des familles les plus anciennes et les plus nobles d'Espagne, les Guzman, une famille présente dans l’histoire du pays à travers diverses branches et divers représentants, Gaspar est le fils d’Alonso de Bracamonte, premier comte de Peñaranda. Il dirige la délégation espagnole aux négociations qui aboutissent à la paix de Westphalie en 1648, puis représente le roi d’Espagne lors de l’élection de Léopold Ier à Francfort en 1659. Entre 1659 et 1664,  il est vice-roi de Naples avant de devenir, après la mort de Philippe IV en 1665, l’un des régents du royaume d’Espagne et conseiller de la reine douairière Marianne d’Autriche, qui exerce la régence au nom de son fils Charles II. Dans notre portrait,  Peñaranda revêt le costume espagnol typique des années 1650, habit noir et col plat. En effet, depuis le décret somptuaire de 1623, Philippe IV a interdit les collerettes « fraise » d’une hauteur démesurée pour raisons d’économie et impose le port du col plat dit aussi golilla. En sautoir, Gaspar de Bracamonte porte le médaillon de l’ordre d’Alcantara dont il est membre. On retrouve également le symbole de cet ordre, brodé, sur la cape à droite. Notre dessin a été gravé peu après sa réalisation en 1658 (ill. 1).

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