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Jean-François Sané

Paris, 1732 – 1779

 

La Famille de Darius aux pieds d’Alexandre, vers 1775

 

Plume et encre de Chine

277 x 417 cm

 

Provenance

Peut-être vente de l’atelier de l’artiste, Paris, 8 mars 1780 et suivants, n°87 ou 110

Marquis Philippe de Chennevières (Lugt 2073)

Vente de sa collection, Paris, 4-7 avril 1900, partie du n°162, acheté par Ducrey

Pierre Penin, vicomte de La Raudière (1888-1974)

Vente de sa collection, Paris, Drouot, 23 février 1972, n°50

 

Bibliographie

Ph. de Chennevières, « Une collection de dessins d’artistes français », L’Artiste, chapitre XIX, mars 1897, p. 178

L. Prat et L. Lhinares, La collection Chennevières, Quatre siècles de dessins français, Paris, 2007, n°1061, p. 492 (non localisé).

 

L’œuvre du peintre Jean-François Sané n’a jusqu’à ce jour fait l’objet d'aucune étude de synthèse et nous ne connaissons qu’un petit nombre de tableaux de cet artiste oublié. Seule une notice biographique de Jean Locquin[1] permet de connaître en partie la carrière de cet élève de Vien, inscrit à l’Académie royale de peinture et de sculpture après 1758 et qui se distingua par l’œuvre qu'il présente au concours de 1762 pour le Prix de Rome sur le thème de La Mort de Socrate, premier sujet choisi dans l'histoire romaine. Les critiques saluèrent la sobriété de la composition et du décor, l’accent mis sur les expressions qui témoignent du goût néoclassique naissant. Le tableau de Sané, admiré par Boucher, Chardin et Cochin, lui permet d'être appelé, d’après le procès-verbal de l’Académie, « à prendre place dans l’École après les élèves qui ont gagné les Seconds grand prix ». Il est donc envoyé en surnombre à Rome, où il séjournera entre 1763 et 1767. La suite de sa carrière paraît moins brillante : élève appliqué mais lent, on mentionne une copie appréciée de La Mort de Germanicus de Poussin, réalisée pendant son séjour romain. De retour à Paris vers 1776, Sané expose au Colisée deux grands tableaux religieux destinés à orner le chœur de l’abbaye d’Anchin, près de Douai, dont le décor fut commandé dans les années 1770 aux grands peintres parisiens (aujourd’hui, église Saint Pierre, Douai). L’artiste meurt quelques années plus tard, en 1779.

 

 On connaît de Sané un certain nombre de dessins à sujets religieux ou historiques, aujourd'hui conservés en collections particulières ou dans les musées (Orléans, musée des Beaux-Arts ; Angers, musée des Beaux-Arts). Le marquis de Chennevières, grand collectionneur de dessins français, possédait deux dessins de Sané, une Bacchanale réalisée à Rome en 1765 (non localisé) et notre feuille. Ici, Sané évoque la famille de Darius aux pieds d’Alexandre le Grand. En 333 avant Jésus-Christ, Alexandre bat Darius III, le dernier roi de l’empire achéménide à la bataille d’Issos. La femme de ce dernier, Stateira I, sa mère Sisygambis et ses filles Stateira II et Drypétis sont alors capturées. Craignant d’être tuées ou réduites à l’esclavage, elles viennent supplier Alexandre de les épargner, ce que fait, avec magnanimité, le nouveau maître du monde (Plutarque, Les Vies des hommes illustres - vie d’Alexandre, XXVIII). Parfait exemple de l’exemplum virtutis, modèle de comportement vertueux digne d’émulation, ce sujet est typique du courant néo-classique auquel appartient Sané.

 


[1] J. Locquin, « Notice sur le peinture Jean-François Sané », Bulletin de l’Art français, 1910, p. 48-60.



 
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