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Domingo Martinez

Séville, 1688 - 1749

 

Le Roi saint Ferdinand III guidé par l’ange

 

Pierre noire, plume et encre brune

397 × 296 mm

 

Provenance

Simon Meller (1875-1949), Paris

 

Bibliographie

J. Brown, Murillo & His Drawings, Princeton, 1976, p. 41, fig. 22 (comme imitateur de Murillo)

 

 

Formé dans les ateliers de Lucas Valdés et de Juan Antonio Osorio à Séville, Domingo Martínez a réalisé l’essentiel de sa carrière dans sa ville natale, même s’il est appelé à résider à Madrid entre 1729 et 1733, appelé par Philippe V qui fait sa connaissance lors d’un séjour en Andalousie. Artiste prolifique, il dispose d’un atelier très actif, principalement dans le domaine de la peinture religieuse et, en particulier, de la peinture murale. Parmi ses créations les plus importantes, on peut citer sa participation, en 1718, à la décoration murale de la chapelle sacramentelle de l’église de San Lorenzo à Séville. Par la suite, en 1724, il exécute la décoration de la chapelle du collège San Telmo de Séville, avec un programme iconographique dans lequel les enfants sont les protagonistes : la Présentation de l’enfant au temple, le Christ discutant avec les docteurs dans le temple, le Christ bénissant les enfants et le Christ entrant à Jérusalem. En 1727, il peint la décoration à la détrempe de la voûte du presbytère de l’église de la Merced à Séville et décore le presbytère de l’église du couvent de Santa Paula dans la même ville avec deux grandes toiles. Peu après, vers 1733, il peint la série de 32 petites toiles qui composent le retable de l’église du Buen Suceso et les peintures des autels latéraux de la nef de l'église. Il convient également de mentionner ses décors pour l’église de San Luis de los Franceses à Séville en 1743 et les décorations pour l’hôpital des femmes à Cadix vers 1748, l’une des dernières réalisations du peintre. Son atelier a formé une génération d’artistes sévillans comme Juan de Espinal, Andrés de Rubira ou Pedro Tortolero.

 

L’un des principaux mécènes de Domingo Martinez est Luis de Salcedo y Azcona, archevêque de Séville. Celui-ci commande à Martinez la décoration de la chapelle de la Vierge de La Antigua dans la cathédrale de Séville, relatant les principaux miracles accomplis par la Vierge lors de la conquête de Séville par saint Ferdinand. Le 22 décembre 1248, le roi Ferdinand III de Castille, acteur majeur de la Reconquista, prenait la ville de Séville après un siège de plus de dix-huit mois. Cette victoire majeure marquait une nouvelle étape significative vers la libération de la péninsule ibérique de l’occupation mauresque. Selon la légende, le roi Ferdinand aurait eu une vision de la Vierge (Virgen de los Reyes), la sainte patronne de Séville. Rares jusqu’à la fin du XVIIe siècle, les représentations du roi Ferdinand connurent un engouement très net après 1671. En effet, sa canonisation cette même année, par le pape Clément X, entraîna de façon logique le développement d’une iconographie hagiographique qui, si elle ne fut pas largement diffusée hors d’Espagne, connait un succès certain et une grande ferveur populaire à Séville et dans le reste de l’Andalousie.

 

Notre dessin nous présente le roi qu’un ange semble guider vers la tente d’où il recevra la vision de la Vierge. Le saint est représenté tenant son épée nommée « Lobera », portant la couronne impériale et vêtu d’une armure et du manteau royal. Il ne porte cependant pas le globe terrestre dans la main gauche, comme le précise le programme iconographique établi en 1671 par le chapitre de la cathédrale de Séville. Ce dessin n’est pas préparatoire pour le décor peint par Martinez sur ce thème dans la cathédrale de Séville mais probablement pour un œuvre très semblable. La préparation de la composition avec une pierre noire grasse et très présente, reprise ensuite à la plume et encre brune, se retrouve dans d’autres dessins de Domingo, comme cette Immaculée conception conservée à la Kunsthalle de Hambourg. L’indication d’un encadrement en écoinçon donne à penser que notre dessin était destiné à préparer une fresque encadrée de stucs, comme c’était l’habitude dans les décors religieux sévillans du Siècle d’Or.

 

Nous remercions M. Benito Navarrete Prieto qui nous a aimablement confirmé l’attribution de ce dessin et nous a fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.



 
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