Pierre Jean David dit David d'Angers
Angers, 1788 – Paris, 1856
Charles Percier, 1835
Médaillon en terre cuite originale
Diamètre : 16,5 cm, épaisseur : 3,5 cm
Signé et daté : David / 1835, titré à gauche : Charles Percier
Pierre-Jean David est le fils unique d’un meunier qui a combattu les Vendéens dans les armées de la République. En 1809, il est à Paris dans l’atelier du sculpteur Roland et fréquente également celui de David. Après avoir obtenu le prix de Rome en 1811, il séjourne en Italie jusqu’en 1816, y rencontrant notamment Canova. A son retour, David se rend à Londres pour rencontrer Flaxman et admirer les marbres du Parthénon. Ce républicain de toujours – il s’exilera en 1851 – croit à la portée morale de son art. S’il est essentiellement un portraitiste, il donne toute sa mesure dans des monuments commémoratifs où la figure en pied du statufié est complétée par des bas-reliefs aux sujets édifiants. En 1830, il obtient la commande du fronton du Panthéon dont le sujet, Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante, sonne comme une profession de foi. Dans l’atelier qui lui est attribué à l’École des Beaux-Arts en 1828, défileront les grands espoirs de la sculpture de l’époque, de Préault à Clésinger et Carrier-Belleuse. En quarante ans de labeur, David d’Angers aura représenté tout ce que l’Europe compte d’intellectuels, d’artistes et d’hommes politiques : soit près de sept cents effigies, dont quarante monuments, cent dix bustes et plus de cinq cents médaillons. Rarement un artiste aura à ce point épousé son époque.
David d’Angers entre à l’Académie des Beaux-Arts en 1826. Dans la section sculpture. Il y retrouve, entre autres, Charles Percier (1764-1838), incontestablement un des plus importants architectes du début du XIXe siècle en France, entré à l’Institut en 1811. Les deux artistes entretiendront des relations étroites et nous connaissons plusieurs portraits dessinés de Percier par David d’Angers, tous réalisés lors des séances de l’Institut (L’Isle-Adam, musée Louis Senlecq, inv. SD0120)[1]. C’est à partir de ces études que David d’Angers va réaliser en 1835 une cire puis un plâtre original qui donnera lieu à l’édition d’un médaillon en bronze dont on connait plusieurs versions (Paris, musée du Louvre, inv. DA 53E)[2]. Notre médaillon, daté de la même année 1835, est une œuvre différente. On remarque de légères différences entre le médaillon en bronze et notre terre-cuite, notamment au niveau de l’arrangement des cheveux. Notre terre-cuite est donc une œuvre originale, différente des études ayant conduit à la réalisation du bronze. Elle fait partie des rares médaillons en terre-cuite, un matériau peu utilisé par David d’Angers et constituait probablement un cadeau, peut-être pour le modèle. Comme toujours chez l’artiste, celui fait du visage en profil une composition dont chaque détail prétend traduire le caractère, l’âme et la vérité du sujet. Ici, Percier, le cheveu en bataille, le col bien boutonné, le regard perdu vers la droite dans une contemplation intérieure. Comme la plupart des portraits en médaille de David d’Angers, on trouve ici un mélange de références à l’antique et d’exaltation romantique qui constitue pour l’artiste sa manière de représenter le Grand homme.
[1] D’autres dessins sont conservés au musée des Beaux-Arts d’Angers, au musée des Beaux-Arts de Besançon (inv. D.2490 et 2492), au musée Bonnat de Bayonne, au musée des Arts décoratifs de Paris et dans diverses collections particulières.
[2] Si la cire et le plâtre original (donné par la veuve de l’artiste à la Bibliothèque nationale de France en 1856 mais actuellement disparu) sont aujourd’hui perdus, des tirages du bronze sont conservés au musée du Louvre, au musée Carnavalet, au musée David d’Angers à Angers, au musée des Beaux-Arts de Lille et dans diverses collections particulières.


